Cette crise sonne comme un «coup de semonce». Comme l’avait écrit Dominique Méda dans le journal Libération début mars 2020, à la veille de ce qui allait devenir LA crise du Covid-19, ce tremblement de terre sonne comme notre dernière chance de nous mettre en ordre de marche pour faire face à la grande crise qui est déjà là : celle des conséquences du dérèglement climatique provoqué par l’activité humaine.
Depuis l’été dernier, en Belgique, on ressent plus clairement ce que les scientifiques du climat nous expliquent depuis plusieurs dizaines d’années : notre climat est en train de se dérégler et les conséquences seront -sont dramatiques. La crise du Covid, l’écrivait Éric Vermeersch en ouvrant ce numéro, est effectivement cette « répétition générale » : notre chance de comprendre qu’enfin, il faut nous organiser autrement si nous voulons respecter les humains et la planète, et cesser de contribuer au dérèglement climatique. Nous organiser autrement, cela veut dire concrètement organiser notre vie en fonction des besoins des humains et de la planète, pas des besoins de profit des marchés et des sociétés anonymes. Les premiers, nous les connaissons tous et toutes, les seconds, qui les a rencontrés ?
N’ayant jamais rencontré un marché ou une société anonyme, nous avons pourtant accepté de vivre sous les diktats de leurs besoins. Il est plus que temps. Il est urgent d’inverser l’ordre des priorités.
La bonne nouvelle, c’est que c’est totalement faisable. C’est réaliste, c’est désirable, bien plus qu’une colonisation de Mars. Ce numéro est rempli des actions en cours qui œuvrent en ce sens, aux 4 coins de la planète, sur les 5 continents. Merci à l’équipe du CESEP et aux auteurs qui ont travaillé à faire de ce numéro une lecture si riche et si ambitieuse. Merci à mon complice Paul Hermant qui a été un chef d’orchestre hors pair. Organiser la société pour que le travail soit partagé et garanti et les besoins essentiels de chacun.e garantis par la puissance publique –démarchandiser ? C’est possible. Gouverner le travail de manière à ce que chacun ait son mot à dire et soit respecté et représenté dans les décisions fondamentales, qui le concernent et l’impactent –démocratiser ? C’est possible. Garantir l’emploi
et démocratiser l’entreprise de manière à ce que nous entrions dans les limites de ce qui est soutenable pour notre unique planète –dépolluer ? C’est possible. Et c’est urgent.
Alors, à l’heure de clore ce numéro, voyons comment chacune et chacun, là où nous sommes, ici, en Belgique, en Wallonie, à Bruxelles, pouvons œuvrer à ce que ce qui est possible devienne inévitable. Qu’en dites-vous ?