bandeau décoratif

Le Monde du travail

Par Laure Constant

En tour du monde du télétravail, de la réduction du temps de travail, de la pénurie de main d’oeuvre et d’un tas d’innovations engendrées ou obligées par la pandémie. Cette passionnante revue de presse qui a fait le tour du travail et de l’emploi entre les mois de septembre et de novembre derniers est signée Laure Constant (https://www.facebook.com/laure.e.constant)

 

International : La pandémie mondiale a provoqué une conflagration économique planétaire bouleversant le monde du travail et accélérant une reconfiguration du marché de l’emploi qui pourrait avoir des conséquences à long terme. L’expérimentation à grande échelle du télétravail durant les restrictions, qui aurait concerné 1 travailleur sur 5 dans le monde selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), a conduit les salariés à ce que certains médias ont baptisé une «Grande Rééva­luation» de leurs attentes quant à leur autonomie au tra­vail et l’équilibre entre vie professionnelle et familiale, poussant les entreprises à expérimenter des formes de travail hybride, des semaines de travail plus courtes ou des horaires réduits avec de potentielles conséquences à long terme (exode urbain et gentrification, délocali­sation des services vers les pays émergents), en termes de Droit (assurance maladie, santé au travail, droit à la déconnexion) et de cybersécurité.

Parallèlement, la reprise économique a coïncidé avec une pénurie de main-d’œuvre planétaire et une vague de démissions sans précédent dans certains pays, qu’il s’agisse de travailleurs essentiels fatigués de risquer leur sécurité pour des bas salaires et de mauvaises conditions de travail, des travailleurs migrants rentrés chez eux du­rant les restrictions ou d’employés de bureau refusant d’abandonner le travail à distance.

Cette pénurie de main-d’œuvre, couplée à une crise de l’énergie, a créé de nombreux goulots d’étranglement et alimente une inflation qui pourrait impacter négative­ment la reprise économique et enclencher des mouve­ments de grève. Les craintes d’une stagflation mondiale se multipliant, le FMI a revu ses prévisions de croissance à la baisse.

Outre le secteur touristique gelé par les restrictions aux frontières, des pans essentiels de l’activité économique tels que l’agriculture, la construction ou l’hospitalité qui dépendent largement d’une main-d’œuvre étrangère peu qualifiée, ont été fortement perturbés, mettant en lumière les relations de dépendance.

La crise a, en outre, particulièrement touché les tra­vailleurs jeunes, les femmes et les minorités. Il y aurait ainsi 13 millions de femmes employées en moins en 2021 comparé à 2019, et les inégalités de salaires sont reparties à la hausse. La perte brutale d’activités dans les secteurs informels a accéléré la remise en question de l’ubérisation avec une série d’initiatives dans les pays riches visant à accorder plus de droits aux travailleurs des plateformes numériques mais a paradoxalement fait exploser le secteur dans les pays du Sud, de nombreux travailleurs y voyant un pont vers l’emploi formel.

Selon l’Unicef, le travail des enfants a augmenté pour la première fois en 20 ans, 160 millions d’enfants étant désormais concernés, soit 1 enfant sur 10. Neuf millions d’enfants supplémentaires risqueraient d’être poussés vers le travail d’ici à la fin 2022 en raison de la pandémie.

L’absence de soutien financier a, par ailleurs, déclenché un mouvement d’entraide et de mobilisation des travail­leurs informels visant à obtenir une protection sociale. Et, alors que 53% de la population mondiale ne bénéfi­ciait d’aucune garantie sociale en 2020, les programmes d’assistance mis en place durant la pandémie ont im­pulsé un mouvement visant à pérenniser ces droits et à étendre les systèmes de protection sociale dans de nom­breux pays.

La pandémie a également accéléré ce que l’on a bap­tisé la 4ème révolution industrielle, la digitalisation et la robotisation de l’économie, posant un risque pour les travailleurs peu qualifiés et nécessitant 150 millions d’emplois numériques au cours des quatre prochaines années, une enquête du Forum économique mondial révélant que 43% des entreprises prévoient de réduire leurs effectifs en raison des nouvelles technologies. La crise a par ailleurs poussé les entreprises à revoir leurs stratégies d’approvisionnement à long terme, selon une enquête de Citi Group et l’Economist Intelligence Unit, avec une numérisation accrue en Asie et des stratégies de régionalisation et de diversification des chaînes d’ap­provisionnement en Europe et en Amérique du Nord.

L’accès inégal à la vaccination impacte désormais la re­prise économique selon l’Organisation Internationale du Travail qui estime que le nombre d’heures travail­lées dans les pays riches devrait être inférieur de 3,6% au niveau pré-pandémique au troisième trimestre, contre 5,7% dans les pays pauvres n’ayant pas encore largement accès aux vaccins.

Les premières inspections du travail transnationales ont été menées sous l’égide de l’Autorité Européenne du Travail en octobre, en France, en Espagne et en Bulgarie chez les travailleurs saisonniers.

Le 17 septembre l’ONU et l’OIT ont publié des pre­mières estimations historiques communes qui font état de 1,9 million de décès dus à un accident du travail ou une maladie professionnelle en 2016. Le surmenage (+ de 55 heures semaine) , identifié comme risque princi­pal, aurait fait 750 000 morts en 2016, les décès associés à de longues heures de travail étant en constante aug­mentation.

Alors que la pandémie a accentué la crise migratoire en Amérique latine, la Communauté Andine des Nations, zone de libre circulation permettant aux citoyens de Colombie, d’Équateur, du Pérou et de Bolivie, de voya­ger et travailler librement au sein de la communauté, est entrée en vigueur en novembre 2021.

 

BELGIQUE : L’Auditorat du Travail de Bruxelles a ou­vert plusieurs enquêtes judiciaires impliquant des cour­siers à vélo sans-papiers, ainsi que leurs prête-noms, les travailleurs de plateformes numériques sous-louant de plus en plus leur compte à des travailleurs illégaux.

Un procès s’est, par ailleurs, ouvert le 28 octobre 2021 pour requalifier le contrat de travail des livreurs Deli­veroo et réclamer le versement des cotisations sociales indues.

Le gouvernement fédéral est tombé d’accord le 12 oc­tobre 2021 sur le budget 2022, certaines des provisions les plus controversées étant toutefois renvoyées à des négociations entre partenaires sociaux, notamment l’instauration du travail de nuit dans le e-commerce, l’instauration d’un parcours de réintégration des ma­lades de longue durée qui pourraient devoir justifier leur arrêt dès 10 semaines sous peine de perdre 2,5% de leur allocation, ainsi que le passage à une semaine de 4 jours sans réduction du temps de travail.

Selon un rapport de l’INAMI, la Belgique comptait 111 732 personnes en invalidité pour cause de dépression

 

de burn-out en 2020, une augmentation de 39,23% par rapport à 2016.

La Wallonie a annoncé expérimenter 15 à 20 territoires zéro chômeurs d’ici fin 2021, dans lesquels des entre­prises ad hoc à but d’emploi (EBE) seraient subvention­nées afin de fournir un travail aux chômeurs de longue durée. Jugé moins onéreux que les programmes d’assis­tance, le concept avait été introduit dans 10 territoires français en 2017 et étendu à davantage de territoires en 2021.

La Ville de Bruxelles réduira le temps de travail des plus de 60 ans, sans baisse de salaire, dès janvier 2022. Une quinzaine de métiers pénibles seront concernés, avant une possible extension de la mesure.

FRANCE : La réforme de l’assurance chômage est en­trée en vigueur le 1er octobre 2021, les bénéficiaires devraient ainsi voir leur allocation baisser de 17% en moyenne, mais durer trois mois de plus.

Une mission d’information sénatoriale sur l’ubérisation ouverte en juin a auditionné (le 21 septembre 2021) les représentants de l’ensemble des syndicats français, ainsi que la Ministre du travail. Précédemment, une ordon­nance gouvernementale avait permis aux chauffeurs-li­vreurs de pouvoir élire leurs représentants dès 2022, ne remettant ainsi pas en cause leur statut. Néanmoins, la plateforme Deliveroo et trois de ses ex-dirigeants ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris pour « travail dissimulé ».

L’Assemblée nationale a voté le 12 octobre 2021 la défis­calisation des pourboires pour les salariés de l’hôtelle­rie-restauration, une mesure fustigée par la gauche qui réclamait une augmentation des salaires.

La CGT a de nouveau présenté une initiative nationale visant à inscrire la semaine de 32 heures payée 35h dans les débats électoraux, arguant qu’aucune mesure pour l’emploi n’a réussi à égaler la réduction du temps de travail en termes de création d’emplois. Plusieurs candidats à la présidentielle classés à gauche défendent une nouvelle réduction du temps de travail.

Une journée de mobilisation baptisée «24 heures sans aide à domicile », a eu lieu le 23 septembre 2021, un col­lectif d’universitaires et de féministes plaidant à cette occasion dans une tribune au « Monde » pour la création d’un service public national de l’aide à l’autonomie.

Afin de pallier le manque de personnel, une aide excep­tionnelle de 1000€ sera versée aux demandeurs d’em­ploi de longue durée qui se forment en entreprise à un métier en pénurie (aides-soignants, hôtellerie, bâti­ment). Par ailleurs, avec la pénurie d’employés, plusieurs secteurs, comme celui de la restauration, ont décidé de ne plus ouvrir le week-end.

Au plus tard le 1e janvier 2022, les communes françaises devront imposer les 35 heures réelles en application d’une loi d’août 2019 mettant fin aux dérogations. Cer­taines municipalités ont néanmoins décidé de résister à la mesure car ne pouvant pas offrir une telle charge horaire à leurs agents.

ALLEMAGNE : Après la victoire du SPD en septembre 2021, des négociations ont démarré pour former une coalition avec les Verts et les Démocrates libres (FDP). Compte tenu de leurs programmes respectifs, il est pro­bable qu’une future loi sur le télétravail, sur la réglemen­tation de l’emploi temporaire et sur une augmentation du salaire minimum voie le jour.

Avec une inflation à plus de 4%, Ver.di, le deuxième syn­dicat allemand, demande une augmentation de 5% des salaires pour les employés des États fédéraux dans le cadre d’un accord susceptible d’être reproduit dans l’en­semble du secteur public.

ROYAUME-UNI : 69% des entreprises ont eu des dif­ficultés à trouver des travailleurs en septembre malgré une augmentation des salaires pour beaucoup d’entre elles, alors qu’1,2 millions d’emplois seraient vacants.

La pénurie de chauffeurs poids lourd a entraîné une pénurie d’essence donnant lieu à des achats paniques, le gouvernement faisant intervenir l’armée pour approvi­sionner les stations essence. Plus de la moitié des chauf­feurs de taxi britanniques aurait également démissionné depuis le début de la pandémie, laissant 160 000 postes vacants alors que l’arriéré des vérifications des licences et des dossiers a considérablement ralenti les embauches. Les recruteurs de l’hôtellerie tentent, quant à eux, de recruter des cueilleurs saisonniers.

Le 26 septembre, le gouvernement a annoncé délivrer 10 500 visas de travail temporaires jusqu’en décembre afin d’atténuer les pénuries de personnel, grandement insuffisants selon les entreprises qui soulignent une pé­nurie de 100 000 emplois rien que dans le transport.

Selon une enquête de Westfield Health, 59%, des travail­leurs britanniques déclarent que leur santé mentale les pousse à changer d’emploi et 51% se déclare à moins d’un mois du burn-out.

Le 25 octobre, le gouvernement a annoncé augmenter le salaire minimum de 8,91£ à 9,50£ de l’heure, cette aug­mentation devant entrer en vigueur en avril 2022.

La Cour d’appel du Royaume-Uni a confirmé le 27 oc­tobre, le statut salarié d’un livreur de la plateforme nu­mérique Stuart Delivery.

L’industrie de la viande souffre d’une pénurie de main-d’œuvre telle que les représentants du secteur ont aler­té devoir bientôt abattre les troupeaux, le ministre de l’agriculture demandant à ce que le niveau de langue requis pour obtenir un visa de travail qualifié soit revu à la baisse afin d’accueillir davantage de travailleurs étran­gers.

L’Écosse a annoncé expérimenter la semaine de 4 jours sans retenue de salaire dès novembre. Un fond de 10 millions de livres sterling sera ainsi débloqué afin d’ai­der les entreprises qui le souhaitent à tester une semaine de travail plus courte. Seulement, certains commenta­teurs objectent que, succès ou non, l’expérimentation ne pourra donner lieu à une réforme, l’Écosse n’ayant pas la compétence législative pour légiférer sur le travail.

Irlande du Nord : La semaine de 4 jours va également être testée par le conseil municipal de Belfast dans les 12 prochains mois.

IRLANDE : 100 entreprises volontaires expérimente­ront la semaine de 4 jours pendant 6 mois à partir de février 2022 dans le cadre de la campagne « Four Day Week Ireland », dont le président était auditionné par la commission parlementaire sur le travail le 6 octobre. Le groupe fait la promotion d’un « modèle 100-80-100 » qui verrait les travailleurs toucher 100% de leur salaire, pour 80% des heures, en échange d’une productivité de 100%.

SUISSE : Une ordonnance présentée en septembre prévoit la flexibilisation du temps de travail des cadres travaillant dans la communication, l’audit ou le conseil (5% des salariés). Elle autorise l’allongement de la du­rée légale de travail à 63 heures par semaine si le sala­rié maintient une moyenne de 45 heures semaine sur l’année, 170 heures supplémentaires par an qui devront être récupérées « l’année suivante » (sans autre précision) ou être payées avec une majoration de 25%, la possibilité de travailler le soir si la durée minimum de repos de 9 heures est respectée et le travail le dimanche pour cinq heures au maximum pendant six dimanches par an. Japan Tobacco International, basée à Genève, a annoncé tester la semaine de 4 jours sans réduction du temps de travail.

ITALIE : Le gouvernement de coalition de Mario Dra­ghi, 5 Étoiles et de la Ligue du Nord s’est accordé sur un projet de loi de finance 2022 dans lequel figure un allongement des annuités requises pour prétendre à la retraite anticipée et une suspension du revenu mini­mum citoyen si deux offres d’emploi sont refusées.

Un projet de loi a été annoncé prévoyant d’autoriser les fonctionnaires à télétravailler depuis l’étranger.

VATICAN : À l’occasion de la 4eme Rencontre Mon­diale des Mouvements Populaires du 16 octobre, le Pape François a appelé à la mise en place d’un revenu de base ou salaire universel « afin que chaque personne dans ce monde puisse accéder aux biens les plus élémentaires de

la vie» et a plaidé pour la réduction du temps de travail, estimant qu’«il ne peut pas y avoir autant de personnes accablées par le surmenage et autant d’autres accablées par le manque de travail».

PAYS-BAS : Le 13 septembre, le tribunal du district d’Amsterdam a statué que les chauffeurs Uber sont bien des salariés sous contrat de travail et non des travailleurs indépendants.

Alors que le pays impose 45 annuités minimum pour bénéficier d’une pension de retraite complète, les syn­dicats ont averti que près de 2 millions de travailleurs ne seront pas physiquement en mesure de les atteindre. Ils plaident pour une baisse des annuités, un régime de retraite anticipée et des allègements de travail.

ESPAGNE : 86% des salariés de la marque espagnole de prêt-à-porter Desigual ont voté le 7 octobre pour le pas­sage à la semaine de 4 jours, de 34 heures au lieu de 39, avec une baisse de salaire de 6,5%. À partir de 2022, l’Es­pagne testera, en outre, la semaine de quatre jours dans 200 entreprises volontaires. Ce test devrait durer 3 ans.

Le gouvernement a annoncé une augmentation de 1,7% du salaire minimum, le portant dès le mois de sep­tembre à 965 euros par mois.

D’intenses tractations ont lieu au sein de la coalition vi­sant à abroger la loi Travail passée en 2012 qui mettait notamment fin aux négociations sectorielles. Une pro­messe de campagne de Podemos qui pourrait remettre en question les conditions d’attribution du plan de re­lance de la Commission européenne.

Deliveroo a annoncé suspendre ses activités en Espagne après la requalification des livreurs de plateformes nu­mériques en août, Uber Eats faisant désormais appel à des sous-traitants.

PORTUGAL : Après l’Espagne et l’Italie, un projet de loi approuvé par le gouvernement portugais le 21 octobre, mais qui doit encore obtenir l’approbation finale du Par­lement, vise à requalifier les travailleurs des plateformes numériques en salariés.

Dans son budget 2022, le gouvernement portugais sou­haite mettre fin au recours à des contrats de travail tem­poraire dans le secteur de la santé par l’embauche pro­gressive de professionnels de santé.

Confronté à une pénurie de main-d’œuvre peu qualifiée le Portugal a entrepris de régulariser les immigrés brési­liens avec un contrat de travail et encourage leur accueil.

HONGRIE : Le salaire minimum mensuel brut passera à 564 € l’année prochaine, soit une hausse historique de 19,5% et près de 100 € de plus que le niveau actuel de 472 €. La Hongrie est le dernier parmi plusieurs pays d’Europe de l’Est confrontés au plein emploi et une pénurie de travailleurs qualifiés, ayant fortement aug­menté le salaire minimum. La Roumanie a enregistré la hausse annuelle la plus élevée avec 11,3%, suivie de la Lituanie (10,7%), de la Bulgarie (10,4%), l’Estonie (7,7 %), la Slovaquie (7,0 %) et la Tchéquie (6,1%). Certains faisant désormais mieux en parité de pouvoir d’achat que les pays d’Europe du Sud.

GRÈCE : Un bras de fer s’est engagé en septembre entre la plateforme Efood et ses livreurs. Un ultimatum de l’entreprise rendu public, forçant 115 employés tem­poraires à devenir indépendants ou à démissionner, a provoqué une vague de manifestations et de grèves et une campagne de boycott des consommateurs, forçant l’entreprise à les requalifier en emploi permanent.

DANEMARK : Afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement a passé un accord tripartite avec les partenaires sociaux interdisant de demander l’âge d’un demandeur d’emploi et sanctionnant les chô­meurs ne répondant pas à une offre d’emploi par mois. Il a, en outre, présenté une série de nouvelles réformes sous le titre « Le Danemark peut faire plus » prévoyant notamment la diminution des allocations chômages versées aux jeunes diplômés et conditionnant le verse­ment du revenu d’insertion aux immigrés à 37 heures de travaux d’intérêt général. Dans un rapport, le Conseil Économique plaidait, quant à lui, pour une ouverture à la main-d’oeuvre étrangère.

FINLANDE : Le gouvernement finlandais a annoncé la création d’une entreprise publique baptisée Work Chan­nel (Työkanava Oy) dans le but d’offrir un emploi de der­nier ressort aux personnes handicapées ou vulnérables, s’inspirant de l’entreprise publique suédoise Samhall.

ISLANDE : Le passage de 40 à 35 heures semaines ex­périmenté par 1% des salariés entre 2015 et 2019 a été un succès, la productivité et le bien-être au travail ayant tous deux augmenté. Ces résultats ont conduit les syn­dicats à renégocier les modèles de travail, et

 

aujourd’hui 86 % de la main-d’œuvre islandaise est passée à des ho­raires plus courts.

CANADA : Le Canada a enregistré un record de postes vacants au deuxième trimestre, un poste vacant sur sept étant signalé dans le secteur de la santé. Le ministère de la santé québécois a ainsi reçu le mandat de recru­ter plus de 4000 soignants à l’étranger, en priorité des infirmières.

Les studios de jeux vidéos québécois Eidos Montréal et Sherbrooke employant plus de 500 salariés ont annoncé instaurer la semaine de 4 jours passant de 40 à 32 heures, sans baisse de salaire, afin d’augmenter le bien-être et la productivité de leurs salariés.

Le taux d’emploi annuel moyen des femmes en 2021 est tombé à 56,7%, son niveau le plus bas depuis 2002.

ÉTATS-UNIS : Un nombre record d’Américains de tous secteurs ont quitté leur emploi avec 4,3 millions de dé­missions en août 2021 soit 2,9% des actifs et 20 millions depuis avril 2021, tandis que plus de 10 millions d’em­plois restent vacants. Qu’il s’agisse d’employés précaires payés à l’heure, frustrés par des horaires aléatoires, ou d’employés mieux rémunérés, fatigués de travailler 60 heures par semaine, la pandémie a accéléré un mouve­ment de contestation des conditions d’emploi, notam­ment dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration et de la distribution et a enclenché une vague de grèves à tra­vers le pays. Plus de 100 000 travailleurs américains ont ainsi fait grève ou menacé de le faire en octobre, vague d’actions revendicatives baptisée «Striketober».

Le salaire horaire médian est passé de 28,52 dollars en février à 30,85 dollars en septembre 2021, alors que la concurrence entre entreprises fait rage pour attirer ou retenir les salariés. Les chiffres du ministère du Tra­vail publiés en octobre montrent que les salaires et les avantages sociaux augmentent au rythme le plus rapide depuis 2001.

Plutôt que d’instaurer des augmentations de salaire, cer­tains États s’orientent vers l’affaiblissement des lois sur le travail des enfants, les législateurs de l’Ohio et du Wis­consin faisant pression pour permettre aux jeunes de 14 et 15 ans de travailler plus longtemps afin de pallier les pénuries.

Certains travailleurs handicapés (4% des actifs), ont pro­fité de l’instauration du télétravail pour engager des poursuites devant les tribunaux afin de l’inscrire de fa­çon permanente dans leurs droits.

Jusqu’à 4,5 millions de places en garderie pourraient avoir été perdues de façon permanente pendant la pandémie, ralentissant considérablement le retour des femmes sur le marché de l’emploi. Plus de 300 000 femmes auraient, par ailleurs, définitivement quitté le marché du travail en septembre 2021.

Joe Biden et les sénateurs démocrates prévoient de créer un Civilian Climate Corp, inspiré du Civilian Conser­vation Corp de Roosevelt dans les années 1930, visant à créer des emplois pour les jeunes afin de remplir des tâches utiles à l’environnement.

Les syndicats des dockers et plusieurs grandes enseignes de la distribution ont accepté le travail de nuit et le wee­kend jusqu’à la fin de l’année afin de désengorger les chaînes d’approvisionnement.

CUBA : 32 premières petites et moyennes entreprises privées ont été approuvées le 29 septembre 2021, pour­suivant ainsi la libéralisation de l’économie. À Cuba, les entreprises privées avaient disparu en 1968, la seule ma­nière de travailler dans le privé étant d’être travailleur indépendant.

MEXIQUE : Face à la crise, le Parti conservateur Action nationale a présenté un projet de loi créant une assu­rance chômage (13 septembre), le Mexique étant le seul pays membre de l’OCDE à ne pas encore en disposer.

Malgré un retour au niveau d’emploi pré-pandémique fin septembre, la crise aurait provoqué une hausse de l’emploi informel, 56,2% des Mexicains ayant un emploi informel sans sécurité sociale ni contrat.

Septembre 2021 a vu l’entrée en vigueur complète d’une réforme interdisant la sous-traitance qui oblige les en­treprises à intégrer les travailleurs sous-traités dans leur effectif.

COLOMBIE : La mairie de Bogota a lancé l’initiative « Parceros por » (Partenaires pour Bogota) visant à attribuer une sub­vention à 5000 jeunes conditionnée à leur participation à des activités pédagogiques et d’intérêt général dans leur quartier.

Comme ailleurs en Amérique latine, la pandémie a fait reculer l’emploi formel, particulièrement pour les femmes, mais elle aurait aussi servi de prétexte au dé­mantèlement des droits des travailleurs, selon un rap­port conjoint d’ONG et de syndicats. De plus, le gouver­nement national et les gouvernements locaux ont publié des décrets limitants ou annulant le droit d’association et de grève et les litiges ont été gelés.

Alors que le télétravail a augmenté de 71% en 2 ans, une loi promulguée en octobre interdit aux fonctionnaires de travailler depuis l’étranger.

VENEZUELA : L’Enquête nationale sur les conditions de vie publiée le 29 septembre a révélé que sur les 28 millions d’habitants, 76,6% vivent dans l’extrême pau­vreté, contre 67,7 % l’an dernier. Le rapport attribue cette augmentation à la fois à la pandémie et aux pénuries chroniques de carburant.

BRÉSIL : Le gouvernement a annoncé la création d’un nouveau programme d’assistance baptisé Auxílio Brasil qui prévoit de doubler l’allocation minimale. Cepen­dant les analystes estiment que les programmes d’assis­tance au Brésil, et a fortiori en Amérique latine, créent des trappes à pauvreté faisant croître l’informalité. Le nombre d’emplois informels au Brésil a ainsi doublé au cours des six dernières années et atteint des records cette année.

L’écart entre le taux de chômage des jeunes et celui des travailleurs en général s’est aggravé durant la pandémie et le revenu moyen des Brésiliens a baissé de 9,4% com­paré à celui de 2019.

Le 25 octobre le gouvernement a lancé un Programme National de Croissance Verte visant notamment à pro­mouvoir les emplois verts.

La Chambre des députés a approuvé (21 octobre) un pro­jet de loi attribuant 10% des offres d’emploi aux femmes victimes de violence domestique.

BOLIVIE : Après plus de 18 ans de lutte, les travailleurs domestiques ont obtenu la promulgation du décret per­mettant leur affiliation à l’organisme d’assurance chô­mage et santé.

PARAGUAY : Le Parlement a déposé un projet de loi instaurant une assurance chômage le 16 octobre.

240 000 étudiants de plus de 12 ans ont abandonné leurs études pour travailler en raison de la pandémie.

CHILI : La pandémie a renouvelé les appels à une ré­forme de l’administration de l’État dans le cadre de la rédaction de la nouvelle Constitution débuté le 18 oc­tobre, qui instaurerait un système de concours d’entrée dans la Fonction publique, une grille de rémunération réglementée et unique et une différenciation claire entre administration publique et autorités gouvernementales.

L’emploi informel au Chili s’élevait à 27,7% au deuxième trimestre, en augmentation de 4,2 points par rapport à 2020.

ARGENTINE : La crise a accentué l’informalité et la dis­parité entre emploi public et privé, seules 2 personnes sur 10 en âge de travailler ayant un emploi privé formel. Pendant la pandémie, le gouvernement a multiplié par cinq les fonds destinés à l’aide sociale, mais des mani­festations syndicales et populaires au mois d’octobre ont réclamé de convertir ces aides en emplois réels et durables.

En 2020, 16% des 13-17 ans travaillaient contre 23% en octobre 2021.

ALGÉRIE : La levée progressive des subventions au prix des produits de première nécessité et de l’énergie envi­sagé par l’Exécutif dès 2022 pour le remplacer par un revenu complémentaire à destination des plus pauvres, fait craindre un appauvrissement accru des classes moyennes dans un contexte fortement inflationniste.

MAROC : L’élargissement des mécanismes de protec­tion sociale a été déclaré priorité du Roi Mohammed VI, avec l’extension de l’Assurance maladie obligatoire aux travailleurs non-salariés, l’élargissement du Régime d’assistance médicale aux plus pauvres et la généralisa­tion progressive des allocations familiales.

CÔTE D’IVOIRE : Alors que la couverture maladie uni­verselle couvre obligatoirement l’ensemble des Ivoiriens depuis le 1er juillet 2019, le gouvernement a créé un ré­gime de protection sociale des indépendants en 2020. À l’occasion des Journées de présentation de la Plateforme de Lomé (21 octobre 2021), portée par le mouvement mutualiste africain, qui vise au développement d’une protection sociale universelle, le Ministre de l’emploi et de la Protection sociale a annoncé qu’1,5 million d’Ivoi­riens bénéficient désormais d’une couverture sociale.

TOGO : À l’occasion de la 4ème conférence interna­tionale sur la Responsabilité Sociale des Entreprises (9 et 10 septembre 2021), la ministre du Développement togolaise a revendiqué l’inscription du Togo, à travers plusieurs initiatives locales, dans un schéma d’économie sociale et solidaire qui, selon elle, est la clé du progrès en Afrique. Considérée comme la figure de proue de l’as­surance maladie, elle a réaffirmé l’objectif présidentiel de fournir d’ici 2032 un minimum vital commun à la population.

ZIMBABWE : Le président a ordonné que des avantages non monétaires soient octroyés à plus de 300 travail­leurs soignants afin de pallier la fuite des travailleurs de la santé.

AFRIQUE DU SUD : Le pays a été touché par une vague de grèves en octobre dénonçant la corruption rampante et l’accroissement de la précarité. Déjà en récession avant la pandémie, l’Afrique du sud a été touchée de plein fouet par la crise sanitaire avec un record de 45% de chômage. Les syndicats poussent à l’adoption d’un reve­nu de base mais pour l’heure le gouvernement poursuit une politique austéritaire.

Le gouvernement a lancé une initiative pour l’emploi dans l’éducation en pénurie visant à offrir à 287 000 jeunes chômeurs une formation et un emploi.

ISRAËL : Deux résolutions visant à réduire les pénuries de main-d’oeuvre dans la haute technologie et la santé ont été adoptées, encourageant l’immigration de la dias­pora juive, l’octroi de 500 visas à des travailleurs palesti­niens étant aussi envisagé.

Une augmentation du salaire minimum de 1690$ à 1910$ d’ici 2026 a été annoncée, la première hausse de 30$ étant prévue d’ici avril prochain.

AFGHANISTAN : Plusieurs manifestations de femmes ont eu lieu à Kaboul dénonçant notamment le silence de la communauté internationale depuis la reprise du pouvoir par les Talibans qui menacent de leur interdire le droit à l’éducation et au travail. Le 20 septembre, les employées de la municipalité de Kaboul (27% des effec­tifs) ont ainsi été priées de retourner chez elles, à l’excep­tion des femmes de ménage. Le Ministère de l’éducation afghan a, par ailleurs, annoncé que « tous les professeurs hommes et les élèves» du secondaire allaient retrouver leur établissement, sans faire aucune mention des ensei­gnantes ou des collégiennes et lycéennes. Pour l’heure, les Afghanes étudiant dans des universités privées ont été autorisées à retourner dans des classes non mixtes et voilées mais les universités publiques n’ont toujours pas rouvert leurs portes.

INDE : Face à l’impact de la pandémie, les experts pré­conisent d’étendre le programme d’emploi garanti exis­tant dans les communautés rurales aux zones urbaines. Lancé en 2006, le programme national d’emploi rural du Mahatma Gandhi (MGNREGS) qui vise à fournir

100 jours de travail non qualifié garantis par an aux mé­nages ruraux a permis d’offrir un filet de sécurité aux travailleurs pauvres durant la crise, bien qu’il n’ait réussi à fournir que 13,5 jours de travail en moyenne et a été étendu aux ménages urbains dans les États de l’Odisha, de l’Himachal Pradesh et du Jharkhand en 2020. Le gouvernement a toutefois informé le parlement (17 et 22 septembre) qu’il n’envisageait ni de mettre en oeuvre un régime national de garantie de l’emploi urbain ni d’étendre le MGNREGS aux zones urbaines.

THAÏLANDE : Le ministère du Travail se prépare à recruter des nationaux pour pallier la fuite des travail­