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65 Rue Brunfaut, ça ira mieux demain

Rencontre avec Claire Verhaeren, animatrice socioculturelle à l’asbl « La Rue » et Mustapha Abatane, animateur d’atelier vidéo au Centre Vidéo de Bruxelles.

Claire Verhaeren travaille depuis quatorze ans à « La Rue»» dans le cadre du Projet de Cohésion Sociale « Quartiers Ransfort », en partenariat avec Le Logement Molenbeekois et l’asbl « Les », soutenu par la SLRB et la Ministre bruxelloise du Logement. « La Rue » est une association d’éducation permanente située à Molenbeek dans un quartier populaire au passé industriel fortement précarisé aujourd’hui.
Mustapha Abatane est animateur d’atelier vidéo depuis une dizaine d’années. Il travaille au Centre Vidéo de Bruxelles depuis fin août 2014, plus précisément aux ateliers urbains. Les Ateliers urbains sont des ateliers qui s’inscrivent dans des quartiers de Bruxelles vivant des mutations. Il s’agit d’espaces qui interpellent, des espaces où on a envie de s’installer car on a le sentiment qu’il y a quelque chose de particulier à raconter.

Et c’est bien le cas.

Aux alentours de 2003, « La Rue » a des contacts avec les locataires du 65 rue Brunfaut1, une tour de logements sociaux. Cette tour cumulait une série d’handicaps, une construction avec une structure métallique, un noyau central en béton, une isolation thermique et acoustique totalement défaillante, des ascenseurs très souvent en panne, les normes de sécurité incendie non respectées. Les locataires avaient déjà revendiqué, à maintes reprises, un logement… plus digne.

« La Rue » les a rencontrés par un projet ponctuel d’Observatoire de l’habitabilité, dans le cadre d’une recherche-action impliquant les habitants pour établir un « relevé des cadres de vie ». Dans ce cadre, Claire et ses collègues décident d’aller mettre un pied dans la porte du 65. Parallèlement, la société des logements sociaux avait un projet pour travailler la question de la propreté des communs de la tour et de ses abords. Elles y ont vu un second prétexte pour aller à la rencontre des habitants. Très vite, nous dit Claire, nous avons compris que la question de la propreté était un symptôme d’un mal plus profond : vivre dans cette tour où se mêlaient les problèmes techniques et sociaux ! La tour était prévue pour 97 ménages répartis sur 16 étages, mais il y avait une surpopulation de 30 %. Le manque d’espace était source de méfiance et d’insécurité. Ce qui était compliqué pour les habitants était de faire valoir collectivement ces difficultés auprès de la société de logement social qui n’avait pas de solution. La Société a mis très longtemps avant d’inscrire cette tour dans un plan de rénovation.

Tout au long de ces premières années, Claire et ses collègues ont soutenu la rencontre des locataires avec la société de logement social. Cela a permis à certains locataires de rencontrer enfin les responsables de l’époque. Il y a eu une reconnaissance officielle des difficultés des habitants de la tour ; ce n’était pas une question de propreté des lieux mais de décence d’un logement.

Vers 2010, de nouveaux locataires s’engagent à leur tour. A cela s’est jointe une étude de faisabilité pour la rénovation du 65 dans le cadre d’un contrat de quartier. Accompagné par « La Rue », le collectif des locataires s’est redynamisé autour d’une volonté de concertation sur une rénovation réfléchie avec les habitants. La discontinuité dans la transmission des informations, les va-et-vient de la société de logement ont été très pesante. Les gens passaient sans cesse de la joie à la colère ; l’épuisement était réel.
Cette expérience a généré une expertise2 que « La Rue » a compilé comme étant ce que devrait être la concertation des locataires dans certaines opérations de rénovation/construction.

Pourquoi avoir fait le choix de la vidéo ? Qu’est-ce que la vidéo a de plus qu’une autre forme artistique ? Quels ont été les freins ? En quoi cela a été un levier ?

Mustapha : La vidéo est un outil grand public. C’est quelque chose qui se démocratise, tout le monde peut y avoir accès. C’est la meilleure manière de faire passer un message. La vidéo réunit à elle seule toutes les autres formes d’expressions. Il y a de l’écriture, du théâtre. Il y a un côté pictural, musical, tout peut être contenu dans la vidéo. Un autre avantage est sa facilité de diffusion, de la consultation libre sur internet à la diffusion en salle. Elle peut être démultipliée et envoyée partout. En plus, ce format est attrayant pour le grand public, ça ne fait pas peur.

Claire : Pourquoi l’atelier vidéo ? Même si au moment où nous y avons pensé les solutions semblaient être là, les gens étaient toujours dans l’attente de quitter cette tour. Le choix de la vidéo a été assez évident car il y avait une volonté de montrer en son et en images les choses comme elles étaient. Et puis, c’est un atelier vidéo et donc il y a un processus qui, ici, a permis de sortir de l’urgence, d’avoir un temps de réflexion. La première chose qu’on a faite, ça a été de faire du porte à porte avec Mustapha pour établir un contact autant par rapport aux habitants qu’entre nous deux. Ce premier pas a mis les gens à l’aise. Ils étaient pour la grande majorité convaincus que le film était une bonne idée et que cela rencontrait leurs attentes. Mais ce « oui » il a fallu le travailler car le rapport à l’image ce n’est pas rien, cela soulève beaucoup de questions sur ce qui sera fait de leurs propos.

… Une autre limite… [Silence…] On avait des contraintes matérielles. Les ateliers ont eu lieu tous les mercredis de septembre à décembre de 17h à 19h. Mustapha a été très disponible. Cela nous a permis d’élargir ces plages horaires afin de faire des rencontres et du travail de préparation. La limite pour certains, était déjà de venir à un rendez-vous. L’atelier était aussi l’endroit où on avait des infos sur l’actualité de l’immeuble ou pour venir me faire part de leurs problèmes. Parfois on était 4 et parfois 15.

Mustapha : D’une certaine façon on peut dire qu’ils m’ont utilisé. Ils ont utilisé mes compétences techniques. Pour eux, j’étais la personne qui amenait la caméra. C’était l’occasion de faire quelque chose. L’essentiel pour eux était de s’exprimer et peu importe quel était le chemin et les savoirs à acquérir. Ils voulaient sortir avec quelque chose qui permettait d’interpeller.

Et pour toi, Mustapha, quelles sont les limites de l’atelier vidéo ?

Mustapha : Un atelier vidéo entraîne des contraintes techniques : il y a la caméra et le micro. Ces outils demandent un temps d’adaptation, il faut se familiariser. Un autre élément important lié à ce type d’atelier, comme l’a dit Claire, c’est le rapport à l’image qu’a chaque participant. Certains ont des facilités et d’autres sont moins à l’aise.

En tant qu’animateur-cinéaste, j’ai dû beaucoup m’adapter. En règle générale, dans mes ateliers, j’ai une formule qui marche, que je dois adapter mais qui marche.
Mais à Brunfaut, il y avait une urgence. Les participants n’étaient pas particulièrement demandeurs d’apprendre à utiliser l’outil. Il fallait faire un film. Il a fallu jongler ! Je suis arrivé avec un cadre préétabli et j’ai très vite compris que j’allais devoir être réactif et réadapter ma méthode. Une grande partie du groupe s’est approprié l’atelier vidéo comme un lieu de réunions collectives, de mobilisation pour défendre leurs droits. L’atelier s’est vite transformé en un outil de revendication plus large que la vidéo.

Tu parlais d’une formule qui marche. Existe-il un processus… classique ?

Mustapha : Il s’agit bien souvent de passer par les étapes classiques de l’apprentissage, l’utilisation de la caméra d’un point de vue technique : la balance des blancs, la vitesse d’obturation, … ensuite on aborde le langage cinématographique : le gros plan, le plan moyen, … Le son off, le son in… C’est donner des informations purement techniques avant de passer à la pratique même si parfois, on mixe les deux au travers d’exercices pour mieux comprendre. Ici tout était centré sur le discours. Les gens auraient préféré faire autre chose de leur temps libre. S’ils étaient là, c’était par nécessité et moi… je me suis laissé porter par eux aussi.

Pourquoi as-tu accepté de rejoindre ce projet ?

Mustapha : D’abord et avant tout c’est un sujet qui me touche. Je suis bruxellois, je connais des gens qui vivent la même situation, qui sont dans des logements sociaux.
Ensuite, il y avait une dimension tout à fait parti-culière dans ce travail, on était chez les gens. Ils nous ouvraient leur porte. C’est fou une telle proximité. Ils m’invitaient à boire un café et me montraient ce qui n’allait pas. D’habitude, les ateliers se passent dans les locaux de l’association partenaire, pas chez les gens. J’ai fait autant connaissance avec eux qu’avec la tour. Claire m’a beaucoup facilité les choses, elle connaissait les gens et les lieux. Elle m’a présenté à tout le monde. À un moment donné, je n’étais plus un étranger dans cet univers. J’étais presque comme un locataire. Les gens n’étaient pas surpris de me voir. Je faisais partie du décor.

Claire : Si vous donnez aux gens le temps de « la rencontre », si vous les écoutez, ils vous feront assez vite confiance. Ils ont très vite accepté d’ouvrir la porte de chez eux, de témoigner. Consigner le tout dans une vidéo a été plus compliqué en raison des freins dont on a déjà parlé. Il a fallu y travailler mais par contre le lien interpersonnel s’est très vite établi.
Quand Mustapha dit qu’il a été utilisé, je trouve qu’il était bien dans son rôle. Les gens utilisaient l’outil audiovisuel que Mustapha mettait à leur disposition. Les gens passaient commande du type « Il faut montrer les escaliers à la montée et à la descente, je vais te montrer ».

Le prémontage a été une étape très forte. A ce moment-là, le film est une pièce à casser. Et ici, elle a été cassée dans tous les sens ! Les gens étaient super clairs, ils étaient ensemble autour d’un projet qui avait débuté trois mois plus tôt. Ils n’étaient pas d’accord avec le montage proposé. Ils voulaient un film beaucoup plus concret, plus démonstratif et plus fort. Ils étaient très précis, ça a été un choc. Ils assumaient le message qu’ils avaient construit et qui allait sortir sur la place publique. Ils sont devenus porteurs d’un message commun !

Mustapha : Le prémontage ne correspondait pas au film qu’ils voulaient montrer et ils l’ont dit très fermement. Pour moi, il ne s’agit pas réellement d’un désaccord car on était encore
dans la phase de création. C’était même très chouette à entendre car on a eu une confirmation de leur implication et que ce film était bien le leur.

Vous dites que c’est leur film ? Pour vous, ce n’est plus votre film ?

Mustapha : J’essaye au maximum que ce soit leur film et qu’ils se l’approprient. Je suis là comme un cadre. J’essaye de leur permettre que le film puisse avoir une forme valable, plus ou moins intéressante pour qu’il puisse être vu.
Au niveau du contenu, je fais tout pour que ce soit eux qui fassent les choix. Je suis là pour faciliter la parole collective. Je veille à ce que chacun puisse s’exprimer. Je fais attention à ce qu’il n’y ait pas que celui qui parle le plus dans un souci… un équilibre… pour être dans une parole collective…
[Silence…] Évidement je suis attaché au film. J’étais censé le monter et… je n’ai pas pu le faire car j’étais trop impliqué.

Claire : Ce n’est pas que ce n’est plus notre film. On se met en position d’être les garants… que les conditions soient réunies pour que les personnes puissent se saisir de l’outil, qu’ils y trouvent leur compte. Mais bien sûr c’est une aventure commune et on en fait partie. Il y a de la sensibilité. Il ne faut pas se leurrer non plus, c’est parce qu’on a créé ces rendez-vous que les gens étaient là et donc que le film existe.

Cette aventure a modifié ou conforté vos pratiques à l’un et à l’autre ?

Mustapha : Forcément, cette expérience m’a transformé. J’ai toujours eu tendance à aimer être en accord avec le groupe qui est en face de moi. J’aime l’idée qu’un atelier ne ressemble jamais à un autre même s’il existe un carcan. Pour l’instant, je mène deux ateliers en parallèle, ils n’ont absolument rien avoir l’un avec l’autre. Brunfaut a confirmé mon envie de ne pas être trop rigide dans la façon de procéder.

Claire : Moi aussi, je dirais qu’il n’y pas de formules toutes faites. Il y a une chose qui est indispensable : prendre le temps d’écouter les personnes individuellement, c’est incontournable, c’est une manière pour eux d’entrer dans l’action. On papote avec quelqu’un dans le quartier, il n’y a pas forcement un résultat immédiat. Mais c’est énorme ! C’est en semant des petites choses comme ça que les gens se rencontrent plus facilement, que cela deviendra possible de les rassembler. C’est là que se construit la façon dont les personnes vont pouvoir ou pas s’inscrire dans un collectif. C’est à ce moment-là que cela va faire sens pour eux. C’est un travail qui s’inscrit dans le temps.

[… Silence…]

Mustapha : Le film parle d’un bâtiment. Tous les gens qu’on y a rencontré sont présents même s’ils n’y ont pas pris part, qu’on ne les voit ni ne les entend pas. Ils ont eu un impact sur le résultat final par ces « rencontres de paliers ». Les gens qui n’ont pas participé au film ont tenu à être présents lors de la projection du film. Ils savaient que quelque chose se faisait. Ils ont voulu voir le résultat et ils s’y sont reconnus.

Claire : Il y a eu une émulation au moment de la projection-débat grâce au travail du CVB et à son travail de promotion et diffusion. Télé-Bruxelles a voulu faire un interview et des habitantes y ont été. L’envie de faire exister le film les a boostées. Ce film a existé. Il a été diffusé plusieurs fois, il est parti en festival, il a même gagné un prix, ce qui a été super valorisant pour les personnes ! C’est important d’avoir ça à l’esprit dans ce type de projet.

Mustapha : Pour certains, le film a eu une fonction émancipatrice. Il y a une habitante qui n’est qu’en voix off dans le film mais c’est elle qui a été sur les plateaux, les podiums… Au départ ce n’était qu’une voix, c’est devenu un visage devant les caméras.

Historiquement pour qui le film était-il fait ? Le film a eu un gros retentissement, mais quand vous avez démarré le projet, vous pensiez à qui ?

Claire : On a ressenti que les locataires avaient besoin d’exprimer ce qu’ils vivaient sur la place publique, à la société. Dans l’année qui a précédé l’atelier vidéo, ils étaient demandeurs d’organiser une conférence de presse, d’alerter les médias. Ils étaient plus dans une démarche de l’urgence ponctuelle. Nous avons présenté le film comme étant un moyen qui pouvait à la fois refléter l’état d’urgence mais qui pouvait également relater leur histoire et celle du combat mené. Pour « la Rue », l’idée était également d’en faire un outil de témoignage, un outil d’interpellation. Ce qui fut le cas. Les habitants ont rencontré les responsables politiques, ont animé des débats lors de la projection dans d’autres logements sociaux, incité d’autres groupes à se mobiliser afin que ceux-ci puissent défendre leurs intérêts.

Le film a positivé les actions des dix dernières années. Ils étaient rassemblés autour d’une problématique commune… [Silence…] le film leur a permis de se créer une identité commune, une identité qui leur permette de se positionner par rapport à la société.

Mustapha : De simples personnes qui subissent, ils sont passés à un autre statut en prenant les armes audio-visuelles pour s’exprimer. J’ai envie de croire que cela leur a fait du bien dans l’image qu’ils peuvent avoir d’eux-mêmes. Cela faisait plus de dix ans pour certains, qu’ils vivaient là. Ils ne croyaient plus que cela pourrait changer. Leur objectif était d’interpeller pour que cela ne se reproduise plus ailleurs. Que cette tour serve de contre exemple ! Le fait d’avoir été acteur et non plus uniquement des gens passifs ou bien sans récepteurs pour leur message a été très positif. Ça les a reboostés !

Claire : Toute leur histoire dans la tour a creusé des sillons très profonds dans leur vécu. Ici, ils reprennent la main sur leur destin. Le fait que le film ait été diffusé et qu’il ait créé du débat, ça a clairement donné de la fierté 

et de la reconnaissance. L’après-film a été tout aussi important dans le processus. Cela a aussi créé des liens dans la tour, ils ne se connaissaient pas et même s’ils ne se verront plus car aujourd’hui la tour est vide, cela a montré que c’était possible ailleurs. Ils peuvent générer eux-mêmes de telles démarches.

Quel a été l’impact du film sur la société des logements sociaux, sur les élus locaux ?

Claire : Pour la société de logement, je pense que ce qui a eu le plus d’impact a été le débat qui a suivi la projection du film. Cela n’a pas dû être très agréable pour eux car ils ont été invectivés sur le pourquoi avoir laissé une situation dégénérer à ce point. Alors que je pense que la société de logement ne pouvait pas à elle seule apporter une réponse à ce problème.

Mustapha : Les débats ont été assez mémorables car les habitants étaient presque tous là, les responsables de la société du logement molenbeekois, l’échevin du logement, le RBDH3. Les gens se sont exprimés, il y a eu des échanges bien virulents mais salvateurs. Cela a permis de réaliser que des situations de ce type existaient à Bruxelles.

Claire : L’action a eu un impact sur la résolution du problème, j’en suis persuadée. Le cabinet de la Ministre du logement nous a demandé d’écrire une note sur ce qui devrait être nécessaire en cas de concertation des gens. Le film est clairement un outil de sensibilisation autant pour d’autres locataires que pour les fonctionnaires de la Société du logement de la Région de Bruxelles-Capitale. Le film a créé une onde de choc. Ensuite il faut pouvoir effectuer un travail d’accompagnement avec les locataires. Tout le monde souligne l’importance du travail accompli et ses effets. Toutefois, la société de logement social, notre partenaire, ne souhaite plus que nous poursui-vions l’atelier vidéo dans le cadre du Projet de Cohésion Sociale. On cherche donc une formule afin de pouvoir aménager la poursuite de cette action. Car les gens ont clairement manifesté l’envie de poursuivre avec d’autres groupements citoyens afin de donner les clefs aux gens qui subissent des injustices pour qu’ils puissent eux aussi se faire entendre. Ils sont dans un objectif de solidarité et il faut qu’on puisse le permettre.

Quand nous vous écoutons, nous sommes surprises, touchées par une telle complicité. Comment avez-vous mis en place votre collaboration ? Quels sont les ingrédients de la réussite d’une alliance entre une animatrice socioculturelle et un animateur-cinéaste ?

Mustapha et Claire épingleront des éléments transférables ailleurs : l’implication de l’animatrice socioculturelle au quotidien avec les habitants et une très bonne connaissance du contexte local, la confiance réciproque qui s’est construite entre eux, la capacité d’ un animateur-cinéaste à « tisser » l’atelier, la nécessité d’être vraiment à l’écoute des gens. Nous étions concernés par ce qui se passait là, on s’est impliqué avec la même intensité tout en partageant nos craintes. On avait des échéances et on était encadré à la fois par «la Rue » et par le CVB. C’étaient des moments importants qui nous ont permis de nous recentrer. Ce cadre nous a soutenu.

La question manquante ? Sur quoi aimeriez-vous insister ?

Claire : La souplesse du processus. La force de l’atelier a été d’avoir un cadre clair mais entre ces échéances, l’autonomie du projet a été indispensable.

Quand on travaille avec l’humain, il faut être souple, être capable de changer son point de vue. Il faut faire des évaluations intermédiaires avec les participants et… leur laisser de la latitude.

Mustapha : C’est un mélange de méthodologie et de liberté. Le cadre peut être utile mais il faut pouvoir s’en libérer autant sur la forme que sur le contenu. Même quand on est dans un projet politique, on reste dans un processus créatif. J’aime bien avoir un espace de freestyle. Les participants et les événements qui surgissent modifient le projet en cours de route. On ne sait pas toujours vers quoi on va aller. Ce n’est pas toujours très confortable mais j’aime ça !

Claire : C’est super facile d’y aller, il suffit de lâcher prise et d’avoir l’autonomie. Il faut créer de l’espace temps où les gens peuvent se poser. Une fois que le lien est établi les gens se confient et s’ouvrent très vite. Il faut multiplier ces espaces, c’est ce qui crée du lien. On ne peut créer du collectif qu’en connaissant l’autre.

1.Présentation du projet : http://www.larueasbl.be/developpement-local/projet-de-cohesion-sociale/65-rue-brunfaut-ca-ira-mieux-demain
2. « La participation des locataires dans les processus de rénovation et d’aménagement du parc social »,juin 2015, http://www.larueasbl.be/wp-content/uploads/2015/09/ParticipationLocataires_LogementSocial.pdf
3. RBDH :Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat

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