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La Communauté française et les Provinces doivent disparaître

En ce 16 août, je reprends la plume éditoriale, une plume tenue depuis quelque temps dans ce périodique par Eric Vermeersch, directeur-adjoint, qui a une écriture bien plus élégante et fluide que la mienne.

Claire Frédéric qui coordonne la rédaction m’a demandé d’écrire l’édito en me donnant les textes rédigés début juillet par des acteurs ou observateurs de politiques relevant de la Communauté française : Centres Culturels, Centres d’Expression et de Créativité, Bibliothèques, …

Je suis tétanisé par la convergence des constats.

Un travail remarquable de remise en cause des pratiques a été réalisé par les cabinets, l’administration, les services d’inspection, les instances d’avis, les fédérations sectorielles, les associations, leurs travailleurs et directions, …

Pour aboutir à quoi ?

A des modifications de décrets, d’arrêtés d’application, de formulaires, de typologie de rapports d’activités, de pratiques de terrain, … et puis quoi ?

Des budgets figés, des promesses sincères non tenues, un sentiment de travail intense et complexe réalisé sans récompenses.

A qui la faute ?

Ce serait trop facile d’accuser la Ministre CDH actuelle qui a hérité de tout l’enseignement obligatoire et accessoirement de la Culture.

Il est normal qu’elle donne la priorité au secteur le plus important de ses compétences, ce n’est pas une première, d’autres Ministres d’autres partis ont, en pareil cas, fait de même.

L’enjeu est en réalité l’intérêt de maintenir une structure de l’Etat Belgique en déliquescence qui ne pourra qu’être écartelé entre les logiques régionales bruxelloises et wal-lonnes, deux niveaux de pouvoir fortement renforcés après la sixième réforme de
l’Etat.

Ce niveau de pouvoir a (avait ?) de nombreux avantages, il est au cœur de ce qui vit : l’enseignement, la culture, l’aide à la jeunesse, la petite enfance. Des matières dites personnalisables (un très beau terme juridique) et culturelles, régies par les articles 127, §1er, 1° et 2° de la Constitution.

Une partie de ces matières personnalisables a été régionalisée par décrets spéciaux il y a quelques années Il s’agit d’une partie de la politique de santé, une partie de la politique familiale, la politique d´aide sociale, la politique d´accueil et d´intégration des immigrés, la politique des handicapés et la politique du troisième âge et culturelles (les infrastructures sportives, le tourisme, la promotion sociale, la reconversion et le recyclage professionnel).

Cette régionalisation s’est faite sans trop de questionnement et a permis des refinancements et si ça s’est fait en oubliant le Pacte Culturel et l’association obligatoire des utilisateurs aux avis sur les orientations et bien tant pis, ce n’est pas grave… Le secteur associatif n’a jamais été un acteur réel des glissements progressifs du déplaisir de se voir rattacher à d’autres niveaux de pouvoirs.

Obnubilé par les questions de subventions et de proximité avec les administrations et inspections fonctionnelles, il en a oublié les autres niveaux de pouvoir qui ont pourtant pris un rôle déterminant, qu’ils soient supranationaux de caractère public (l’Europe) ou privé (le secteur marchand).

Empêtrés dans des discussions sans fin avec une Communauté française exsangue et qui ne pouvait que tenter de retarder sa mort programmée, les acteurs associatifs n’ont rien anticipé !

L’enjeu des mois qui viennent sera de réfléchir sereinement à la régionalisation de nos secteurs. Le diable sait si je suis attaché aux hommes et aux femmes qui composent cette belle administration, héritière de grands hommes comme Marcel Hicter et Henry Ingberg mais il faut pouvoir accepter la mort d’un beau projet pour revivre.

Que les secteurs associatifs et culturels ne soient pas associés au débat sur l’avenir des Régions wallonne et bruxelloise est un non-sens, qu’aucun projet associatif n’ait été soutenu dans le cadre du Fonds Social Européen en Wallonie est un scandale.

Les Régions d’Europe comme la Catalogne et l’Ecosse ont bien compris l’importance économique et sociétale de l’intégration des associations à leurs projets de développement.

Il nous appartient d’importer les pratiques participatives de la Communauté française dans ces administrations wallonne et bruxelloise, sclérosées et rigides.

Et les Provinces me direz-vous ?

Provinciae delendae sunt.