L’absence de certaines franges de la population des dispositifs participatifs et l’incapacité de ceux-ci à prendre en compte une part importante des contributions des personnes présentes sont deux phénomènes troublant les observateurs et les promoteurs de la participation, laquelle ne leur semble jamais suffisamment participative. Ce malaise est fondé sur l’idéal, contrarié par les expériences concrètes, d’une participation sans condition, intégralement ouverte et inclusive. Mais les tentatives de réalisation de cet idéal ont des conséquences pratiques éloignées de ses prétentions : il soutient des dispositifs peu hospitaliers et n’honorant pas les qualités des participants. Pour penser l’ouverture et l’inclusion par la participation, ne faut-il pas reconnaître que certaines différences valent d’être prises en compte alors que d’autres nuisent à la poursuite du projet commun ? C’est ce que les théories de l’espace public démocratique que nous passons ici en revue défendent depuis des perspectives très variées. Pour faciliter l’appréhension empirique de cette question, nous proposons ensuite de travailler la notion de seuil : espace-limite, celui-ci représente également pour nous un espace critique fertile.